Je remonte l’autoroute du littoral et je dépasse les hommes en bleu, (ceux des déserts de sables et de rocailles). Je les vois marcher le long de la bande d’urgence, pieds nus dans leurs chaussures béantes, le col de la chemise ouvert sur leur poitrine, la barbe jusque dans le cou. Je double la longue longue marche des migrants vers l’eldorado anglais.
Calais. Je traîne sur les quais, les docks, les bassins, les resserres, les entrepôts - j’hume (l’huile, le gasoil, le suif des diesels, des camions, des cargos-des ferrys). Ça me rappelle "le Journal du voleur", je prends des photos, je rentre.
Sur l’autoroute, à mi-course, je croise les mêmes hommes, (ceux des déserts de sable et de rocailles) - cette fois, je les vois de face remonter la route, des milliers de pas plus loin, des heures après, les uns derrière les autres, les pieds nus dans les mêmes chaussures, le col de la chemise ouvert sur leur poitrine exténuée, la barbe hirsute dans le col qu’ils ont relevé, déterminés à marcher encore.
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