mardi 14 juillet 2009

Vacances

INTERRUPTION MOMENTANÉE des programmes.

GGGreuhhh
CHHHechhhhh
REEUEHHHHhhhhhh

...

dimanche 12 juillet 2009

Hommage posthume

La lumière jouait de l’arc en ciel
Le soleil allumait son brasier
Le vent chavirait ses feuilles

On l’aimait bien.

C’était le plus lent des arbres,
Le plus grand et le plus haut des arbres du parc,
Son tronc comme deux troncs,
Sa ramure au toit du ciel.

On l’aimait bien, on l’attendait au printemps.

A sept heures les tronçonneuses ont hurlé,
Les lames ont grincé et scié.
Les branches qui tombaient ont ébranlé le sol.

Il n’a pas crié, il n’a pas rugi,
Il n’a pas tremblé et il n’a pas geint.
Il reste un trou.

mardi 7 juillet 2009

Because of the success

Paroles :

- Je ne suis personne, dis-je
-
Je sais que tu ne me crois pas.
- Le vide est le terreau de ma vie.
- Ma vie est enchaînée à cette affirmation.
Alors elle dit : « Je vais continuer de parler de mes affaires à personne…. »

dimanche 28 juin 2009

Ils n'aiment pas les citations, pourtant...

"L'ambiguïté suppose un secret qui sans doute s'exprime en s'évanouissant, mais qui dans cet évanouissement, se laisse entrevoir comme vérité possible."
C'est de Blanchot.

jeudi 25 juin 2009

La femme du garagiste

Elle dit :
- Les hommes feraient pas comme ça !
- Ils taperaient du poing !
Et elle claque sa main grande ouverte sur le bureau :
- Ils demanderaient des explications !

Je rêve de faire pareil.

Dans le jardin potager

L'éduc crie :
- Les bleus et les rouges, c'est pareil ! Tu prends tes gants et tu coupes !
L'enfant demande :
- C'est vrai Mickael ?
Mickael répond : "Oui".
L'enfant coupe.
L'éduc crie :
- Tu te trompes de main ! Recommence !

mercredi 24 juin 2009

ALMIBO

Il dit : « Venez »
Il dit : « Content de vous voir. »
Il dit : « C'est novateur », « c'est précurseur »
( Aussi bien d’un point de vue narratif que stylistique )
Il dit : « C’est neuf. Vous mélangez les genres.»

Il demande : « C’est une mosaïque ? »
Il ajoute: " Je ne sais pas dire..."

Je réponds : « C’est une écriture du manque, de la liaison et de la coupure. C’est une écriture du paradoxe. »

Il oublie.

Soleil

L'été arrive,
Je bois du Rosé Pamp comme en Bourgogne.
Oui, comme en Bourgogne.

vendredi 19 juin 2009

Struggle for life

Dans la nuit, sa tête bascule, ses pensées chavirent.
Il ne sait plus où est l’équilibre, le vrai et le sensible.

Tout se mêle et aujourd’hui la distance s’emmêle.
Tout est froid et morne et tout disparaît.

Même le corps de Kiko à côté de lui.
Plus rien n’existe.

Le plat s’installe.
La vie n’est plus, l’insensible et l’impassible.
L’isolé, le pâle et le terne le guette.

mercredi 17 juin 2009

Coups

Aujourd’hui, ça m’a fait mal.
Pourtant je me suis battue,
Pourtant j’ai rassemblé mes forces et j’ai contenu l’hémorragie.
J’ai contenu la charge et le vide qu’elle a créé.
Je ne me suis pas laissée faire mais j’ai perdu.

dimanche 14 juin 2009

Le treize

Les corbeaux ont faim, ils se servent au ventre de l'humanité, aujourd'hui c'est en Iran.

mardi 9 juin 2009

Le neuf

Juin entame ses giboulées de mars, on va vers l'été, ça me rassure.

dimanche 31 mai 2009

Hier

Hier soir, un jeune homme me sourit.
Une jeune fille le tient en laisse.
Il a l'air heureux.
Moi aussi.

mercredi 27 mai 2009

Messages

Le premier dit : "Je me sens Chevalier avec toi, ça doit être ton côté Stylo."
Le second : "Tu vois ces pâquerettes là bas ? (il me les montre du doigts), elles me font penser à toi, elles sont toutes petites mais on voit qu'elles. ".

ça m'a fait plaisir.

lundi 18 mai 2009

Argent

Flotte argent. Le malheur est entré dans nos chambres, il a grimpé les escaliers, défoncé nos portes et a commencé l’obscurité.
Les bateaux qui partent ne reviennent pas.
Reste l’abandon, le désordre, les insultes et les coups.

Toi sans père, ni nom,
Peur du jour et peur la nuit !
Seul au commencement et seul à la fin !

Avant le soleil brillait,
Avant il brillait et aujourd’hui il arrache les yeux de celui qui le regarde.

L’argent sent comme le bon.
Il console, il nourrit et il caresse.
Donne argent.

mardi 12 mai 2009

Mais ?

Si vous étiez féminin, comme le buste de Buster Keaton sur cette affiche, quand il buste-pose enlacé d'un drap, la hanche déplacée - féminin ramassé/dernière douleur, féminin/supplication. Si vous me donniez cela - alors - peut être pourrais-je être touchée et peut être rêverais-je, comme Kafka, d'envols et de chutes mélodiques ?

mercredi 8 avril 2009

Génies de la nuit

Dehors, la musique éléctro répète l'interminable et l'incessant.
Dehors, les talibans fouettent une jeune femme qu'ils ont couché sur le ventre.
Dehors, un jeune homme envoie son cartable en pleine face à sa petite amie qui s'est faite abusée.
Dehors, je me dis que Dieu se tient loin des hommes.

lundi 16 mars 2009

Premier avril

Cher David, (ou DvD)

Que sais tu de la langue morte, disparue dans ta bouche, quand les mots se cognent et meurent parce qu’ils ne peuvent se prononcer.
Que sais tu ? Toi qui demande parce qu’on t’a déjà donné.
Que sais-tu des mots à dire ?

Printemps.

Il n'y a pas de message.

mardi 10 février 2009

Invivable

J’ai retrouvé l’affiche de « Hey Girl »(Castelluchi ) :
Une très jeune femme, androgyne, au corps fin et musclé, les seins bandés, lève le poing. Elle a la tête baissée sur ton torse, ses cheveux blonds et effilés sur le front, son avant-bras droit ramené sur son épaule, son poing ganté d’acier.
Elle oscille entre la vulnérabilité (son torse nu et fin) et la vaillance (son poing, son ventre musclé). Sa détermination violente est rentrée dans une sorte de prostration, (sa tête penchée, grave, son regard isolé). Cette photo me désespère et me réjouit.

lundi 9 février 2009

Sans titre

Mes rêves et moi ne nous ressemblons pas.
Il faudrait ne plus tomber sur un miroir ou une photo.

lundi 2 février 2009

Parfois,

J’attends au feu rouge et je choisis une voiture. Il faut qu’elle me plaise. Ça se joue en un clin d’œil, (ça se base sur un rapport volume-vitesse-couleur qui s’organise très vite.)
Je l’ai vue tout de suite, grande, grise, (mais surtout sa vitesse, assurée). Je me suis préparé, j'ai calculé mon temps, mon geste, (le saut se joue en une fraction de seconde et il faut que ce soit très beau une seule fois).
Le conducteur ne me quitte pas des yeux, il ne lève pas le pied, il ne quitte pas sa trajectoire. Je profile mon saut, je bande mes muscles, je trace ma courbe.
- Maintenant !

J’ai réussi.

jeudi 15 janvier 2009

J’aimerai changer de coiffure
ou alors changer de tête,
... ou de corps,
ou si ça c'est pas suffisant, changer de genre...
ou d’idées,
... ou alors de langage.

Ou bien d’état ?
En végétal,
ou peut-être en animal...

Ou alors en lumière ?
Ou en particules ? (peut être de poussière)
Ou en escarbille,
ou bien peut-être suffirait-il d'écrire du bas vers le haut... Peut-être que ce serait suffisant pour inventer une idée qui n’existe pas et qui dirait quelque chose qu’on connaît pas... Peut-être...

mardi 13 janvier 2009

Rêve de nid

Coincé dans une marmite, je veux le retirer de là.
Je prends mes mains, je saisis le nid et le soulève mais il est fragile et il se délite.
Je prends une fourche et je plante les dents de la fourche dedans la paille du nid mais j’entends un craquement et quelqu'un dit : "ça y est, il est cassé".
J’enfonce mes doigts, je les glisse dans la marmite pour dégager le nid de sa gangue de fer et je le soulève.
Le nid rompt. Un liquide transparent coule. Quand tout est désagrégé, un oisillon jaune se tient dans ma main, campé sur ses jambes, jeune, très jeune, duveté, à peine plumé.


Fin septembre

Le vent est plus frais, plus humide, le ciel chargé de sel et la plage se vide. L’hiver s’annonce avec le vent qui déchire les crêtes extraverties et les bleus exubérants des nuages corses. Je marche. Les figues sont encore lourdes et ventrues comme des couilles, ultimes sucres, derniers fruits, derniers soleils. Immense silence, immense solitude au soleil couchant les parfums sauvages.

jeudi 8 janvier 2009

Nouveaux Romans, nouveaux romans...

"Nuits de vie"

Prologue :

Le soleil se couche, V dit : « Agir, c’est se compromettre. ». Je suis d’accord, agir, c’est risqué, V ajoute : « Il faut agir quand même. »

C’est à ce moment là que je me suis dis qu’il ne fallait pas renoncer à être un autre maintenant que j’en avais encore envie.

Deux choses l’une, soit j’épousais ILell, (et je lui trouvais une robe ou un pantalon à ma guise), soit je le tuais.

Extrait :

Dans le train, je foule les rives envasées du fleuve et les rives ensablées des grèves. Je le trouve posé sur l’eau, comme un tableau de Dali, le corps suspendu, surgi du plasma des limbes, assis, les jambes ramenées à la verticale entre ses bras, la tête posée sur ses genoux, ruisselant. Il est prostré. Il hésite, il sait qu’il mourra. Je vois l’arc de ses épaules, son avant bras enlaçant ses genoux, sa main (délicate) posée sous son coude, ses cheveux mouillés, séparés par une ligne d’eau. Je l’aime infiniment.

Les nouveaux romans sont arrivés

Le Jaune est un roman qui met simultanément en scène trois femmes, deux en temps réel et la troisième par la lecture de son journal. Clara vit au Jaune, sa mère Madeleine a disparu en laissant à sa fille un journal que celle-ci brûle sur un coup de tête. Devenu illisible, Bénédicte Céline, biographe, est chargée de le réécrire.

Prologue

"Ce n'est pas moi qui ai commencé à mentir, c'est l'histoire. En décidant d'écrire ce journal, j'ai pensé qu'il me suffirait de traduire en mots les flots de pensées qui m'assaillent or, je me heurte à un mur, une forteresse. Les mots se lézardent au fur et à mesure que je veux les formuler, ceux de l’amour, de la haine et du mépris.

C'est de l’engrenage dont je voudrais parler, de l’enchaînement inéluctable des rapports de causes à effets. J’ai préféré trahir plutôt que d’affronter ma honte, humilier plutôt que de renoncer à mon orgueil. Ils ont tous cru que le père de Clara était un amant sans passé, ni futur, mais c'était Léo. J’ai gardé Clara par amour-propre, bouffie, dévorée d'orgueil. Heureusement, elle est longue et fine, brune et bouclée et elle saura un jour que son ascendance est pâle comme le blé."


Extraits

Clara
« Je suis allée la voir à l’hôpital. Il y avait des lumières blafardes partout, des lumières blanches à néon sur des peintures d'hôpital bleu ou jaune mais qui suintaient la bile ou le livide sur les visages des patients et des infirmiers.

Les escaliers résonnaient, les malades en chemises de nuit déambulaient en savates, ou habillés, mais comment dire, la chemise pendante, la braguette ouverte, la chaussure délacée, errants. »


Mad

« Elle est partie après m’avoir montré sur un vieux carnet de dessins, des esquisses de visages, des dieux monstrueux, ouatés, distordus, effilés par le vent. »




lundi 15 décembre 2008

Enchainés enchantés

Au parc, un homme pédale pendant qu’un autre court, encordé par la taille à la selle du vélo. Le cycliste fait ce qu’il veut : il monte, il descend les berges, les sous-bois, les déclivités du parc. Le coureur le suit. Le cycliste adapte sa course - il veille aux accélérations (les pentes, les embardées, les talus), il est attentif - ils sont fluides et légers tous les deux. Quand ils s’arrêtent place des 7 arbres, j’en profite pour jeter un coup d’œil sur mon arbre totem et à la taupe et au poisson goguenard qui flotte au dessus.

mardi 2 décembre 2008

Séminaire :

Lui : Là bas, prés de l’estrade, glissé, presque coulé sur sa chaise, loin, épuisé, la main sur la tempe, les doigts liants et déliants les ombres, les difficultés, la fatigue.
Lui : Brillant, (oui brillant), rose et voix de velours, jeux de poignets.
Elles : Rares
Lui : Si fin, presque maigre. Presque maigre - je lui souris. Je fuis après.
Elle : Magnifique, jeune agrégée, dorée, éclatante.
Elle : Magnifique, si jeune. Pas de sommeil, inquiète.
Lui : Il n’a pas tjs été fatigué. Sobre.
Lui : Resplendissant (encore), dans l’exposé ou dans la retenue.
Lui : Philosophe extravagant, (Il le faut bien, puisque la philosophie aurait besoin du geste pour s’exprimer).
Lui dit : « Non ».
Elle : Agée, lointaine, close et recluse, lunette, note.
Elle : Exégète, spécialiste, coupe, spécialiste se tranquillise, part à midi.
Elle : Spécialiste, noire de tenue, note, calme.
Moi : Sur couvercle du dévidoir à papier dans les toilettes, je lis : « C’est mon habitude de m’asseoir dans les toilettes des femmes. Vous qui êtes assise, lisez : Je vous aime et vous désire.»
Moi je continue : « Je désire vos genoux quand votre jupe est relevée jusqu’à vos hanches, je désire vos genoux quand votre pantalon vous tombe sur les chevilles, je désire votre corps qui coule loin de votre main, je désire…"..
Lui n’a rien à prouver, il n’est pas en danger.
Lui a eu peur mais il s’est repris.
A lui aussi, j’ai souri,
A elle aussi, plus tard.

mercredi 26 novembre 2008

extrait

Je remonte l’autoroute du littoral et je dépasse les hommes en bleu, (ceux des déserts de sables et de rocailles). Je les vois marcher le long de la bande d’urgence, pieds nus dans leurs chaussures béantes, le col de la chemise ouvert sur leur poitrine, la barbe jusque dans le cou. Je double la longue longue marche des migrants vers l’eldorado anglais.

(Emmener Celso dans le désert pour raviver le bleu des robes des Touaregs et le cobalt du ciel. Emmener Celso voir le khôl des yeux des femmes et puiser l’eau jade des oasis)

Calais. Je traîne sur les quais, les docks, les bassins, les resserres, les entrepôts - j’hume (l’huile, le gasoil, le suif des diesels, des camions, des cargos-des ferrys). Ça me rappelle "le Journal du voleur", je prends des photos, je rentre.

Sur l’autoroute, à mi-course, je croise les mêmes hommes, (ceux des déserts de sable et de rocailles) - cette fois, je les vois de face remonter la route, des milliers de pas plus loin, des heures après, les uns derrière les autres, les pieds nus dans les mêmes chaussures, le col de la chemise ouvert sur leur poitrine exténuée, la barbe hirsute dans le col qu’ils ont relevé, déterminés à marcher encore.

(Emmener Celso dans le désert pour me rappeler la beauté de l’orient !)



[1] Genet.

dimanche 23 novembre 2008

Il faut toujours citer ses sources

C'est à cause de lui. Il disait : « Je prends un fait que je surprends dans la vie et j’écris dessus. »

Le jour de la rentrée, je vois deux couples de femmes professeures marcher l’un derrière l’autre….

« Elles marchent coude à coude et parlent bas. On n’entend pas ce qu’elles se disent mais on sent la charge de leurs regards sur les omoplates blancs et dénudés des femmes de devant. Elles tiennent leurs chiens à leurs pieds, elles conversent en aparté.
L’une dit :
-
Elles sont deux.
L’autre :
-
Elles ne se vengeront pas.

Les femmes de devant repèrent la présence des femmes de derrière. Elles ont peur, elles sentent le halètement des chiens, (elles ne peuvent plus s’illusionner - à cinquante ans, elles ne savent plus courir. En revanche, elles pensent qu’en brandissant, (comme d’habitude), les mathématiques ou la littérature (c’est pareil), avec audace et bravoure, qu’elles sauront se prémunir des vils assauts, rances et fétides, des chiens tenus par les professeures de derrière). Elles récitent les strophes incantatoires, elles répètent en boucle les questions (épuisées) des élèves, clament les quatrièmes de couverture, ânonnent un « que sais-je » à l’envers.

Mais les femmes de derrière approchent. Elles raccourcissent en conséquence la laisse des chiens qui jappent et tirent. (Les professeures de derrière imagine qu’ainsi, elles laissent une chance aux lycéens de s’engouffrer dans un X, (un inconnu mathématique ou pornographique, ou une allitération - imprévue - source de vie - on le sait.) - ce qui est illusoire, bien sur.)

Maintenant, les professeures de devant sentent le souffle des chiens sur leurs mollets. La sueur perle de leur dos jusqu’ à leurs fesses et coulent de leurs aisselles en faisant des taches sous les bras. Les femmes de derrière, l’instinct entraîné à identifier la crainte chez les élèves, pressent les chiens. Les professeures de devant serrent les fesses, (on le voit à leur lune sous leur jupe grise). (gris pour rappeler à tous les professeurs qui risqueraient d’oublier qu’il ne s’agit pas de donner aux lycéens un corps à regarder mais une voix à écouter.)

Mais les professeures de derrière (ambigües et candides), ont oublié (à l’instar des professeures de devant qui auraient pu leur rappeler) que les lycéens sont des apostats, (dés le plus jeune âge, ils apprennent très vite que le corps enseignant est toujours - une - et – offensive - organisation qu’il faut combattre). Ils doublent les préceptrices, ils doublent les professeures et attirent les chiens en leur tendant la viande et les os dont les chiens rêvent encore, (oui, eux aussi vivent avec les professeures, ils connaissent l’ajournement du plaisir.)

Les lycéens affament les chiens, les attachent court sur leur laisse, les privent de sortie, (eux aussi sont violents). Le troisième jour, ils lâchent les molosses sur le dos du corps enseignant et les chiens se jettent et bâfrent.

mercredi 19 novembre 2008

Les photographies de MG

Je regardais ses photos et je les aimais. (Elles ressemblaient à quelques unes que j’aurais aimé tirer, ou à quelques unes que j’aurais (également) peintes, (il les voile d’un rideau de gouache, parfois plus appuyé, parfois plus serré), ou à quelques autres parce qu’une aura leur échappe, (vous savez « l’aura » dont parle Benjamin : l’impalpable, l’immatériel qui flotte et saisit l’invisible, l’imperceptible d’une représentation).
Comme je les aimais, je les ai copiées, comme je les ai copiées, j’ai voulu lui dire et je lui ai envoyé mes textes.

Photo 23
Corps de rêve dans une enceinte de fenêtre close, appuyé nu.
Corps comme un rêve ancré sur l’horizon, dévoilé et dévêtu,
Mais à 16 ans, il ne sait pas encore qu’il flotte dans un délavé de jaune.

Photo 822
Homme geisha, pétale incertain.
Corps albâtre, baigné immobile flotté rouge et parme.
Regard dérobé, bras abandonné, parfum déposé

Rêve, (le 7ième)
Ballade sur ses seins, sur l’entre deux du plat de son torse, la verticale de son buste, l’angle de son épaule. Ritournelle égérie, regard coupé, désenchanté. Gauche et ombrageux, gouffre de doux. Seule sa bouche dessinée close, le relie aux couleurs gouaches jaune et vert.

Paysage 845
Parce que moi, je veux écrire sur les mausolées irrigués d’eau, de fleuve sexe, d’essence d’homme à engendrer.

Photo 01
Il ferme les yeux, les coudes appuyés sur le cippe, stèle sans nom et sans substantif. Nu comme on prie ou comme on pense, lieu de silence - lieu clos de rêves et de chimères - il ferme les yeux, il s’esquive. C’est sa force.


Vous avez vu les lumières ?
Les jeux que ça fait avec la mise en scène ?

mercredi 12 novembre 2008

Pour Philippe : "Les limaces de Mont"

Je dis : elles sont rousses et grasses, grasses et repues. Quand je marche, j’ai peur de les écraser ; Elles sont répugnantes.
Lui : J’en ai vu deux ce matin, elles étaient lovées autour de leurs petits.

Je pense : non, la laideur de ses animaux rampants ne peut donner la beauté d’un accouplement ou la beauté d’un enfantement.
Je dis :
- Peut être n’était-ce que de la mousse ? De la bave ou de la gelée d’œufs ?
J’ajoute :
- Elles ne font pas de petits.
Je sous-entends :
« Elles sont trop laides. »
Lui : J’ai vu un enroulement autour d’un petit blanc moussu.

Je pars. Sur le chemin en montant, les limaces traversent la route, l’arpentent, grasses et grosses, opulentes, extravagantes, encorbeillées de gras, ventrues d’herbe grasse, gonflées de salive. Elles sortent, elles rampent ensemble, deux à deux, et parfois l’une sur l’autre, ou à la queue. Je les enjambe et je les évite - leurs ventres et leurs bedaines.

Quelques voitures passent, elles roulent sur le bitume et les limaces. Les limaces gisent écrasées sur le sol, les viscères éclatés et blancs, elles restent laides.

dimanche 9 novembre 2008

Living Theater

Lui : A quoi va t-il ressembler ?
Moi : (cherche t- on à se ressembler qd on écrit un blog?)
- Je ne sais pas, dis-je. Ce qui s’écrira sera subi, (brutal, emporté, admis, éprouvé)
Lui :
- Tu me fais peur. Le soudain n’a jamais faire lire quiconque…
Moi :
- ça ressemblera à du plaisir. Ou à un abime. Ou à quelque chose qui brille mais qu’on n’atteint pas, un miroir qui chatoie, (ou qui ment ou qui joue, c’est pareil). ça ressemblera à un mec qui met des lunettes de soleil ou à un autre qui prend des photos, ou bien à un troisième qui se laisse aller à écrire au de-là des mots… Je serais multiple et accidentel. J’écrirai l’imprévu pour lui même et parce que tu existes.
Lui :
- (rien)
Moi :
- ... c'est parce que le texte a fonction d'être lu que je jubile de l'écrire pour nous trois.