Pour Philippe : "Les limaces de Mont"
Je dis : elles sont rousses et grasses, grasses et repues. Quand je marche, j’ai peur de les écraser ; Elles sont répugnantes.
Lui : J’en ai vu deux ce matin, elles étaient lovées autour de leurs petits.
Je pense : non, la laideur de ses animaux rampants ne peut donner la beauté d’un accouplement ou la beauté d’un enfantement.
Je dis :
- Peut être n’était-ce que de la mousse ? De la bave ou de la gelée d’œufs ?
J’ajoute :
- Elles ne font pas de petits.
Je sous-entends :
« Elles sont trop laides. »
Lui : J’ai vu un enroulement autour d’un petit blanc moussu.
Je pars. Sur le chemin en montant, les limaces traversent la route, l’arpentent, grasses et grosses, opulentes, extravagantes, encorbeillées de gras, ventrues d’herbe grasse, gonflées de salive. Elles sortent, elles rampent ensemble, deux à deux, et parfois l’une sur l’autre, ou à la queue. Je les enjambe et je les évite - leurs ventres et leurs bedaines.
Quelques voitures passent, elles roulent sur le bitume et les limaces. Les limaces gisent écrasées sur le sol, les viscères éclatés et blancs, elles restent laides.
je lis
RépondreSupprimerje relis
je revois mes deux limaces oranges
près de la pierre, au coin de l'herbe.
un moment frappant.
Comme tant s'en propose dans cette maison.
Aucune compassion pour tant pour les écrasées de la route.
Aucune peur ne les rend plus pales.
oui
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